Pharmacie galénique vétérinaire spéciale

 

1 - Formes administrées par voie orale.

1 - 1  Les formes solides destinées à la voie orale

1 – 1 – 1 - Les formes solides contenant une poudre libre

1 – 1 - 2  – Les formes solides contenant une poudre agglomérée

1 – 1 – 3  - les bolus 

1 – 2  -  les formes semi-consistantes administrées par voie orale

1 – 3  – Les formes liquides administrées par voie orale

1- 4 - les formes destinées à la muqueuse bucco-dentaire

 

2 - Les formes parentérales

2 – 1 -  Les formes liquides :

2 – 2 - Les formes solides :

2 – 3  – Le conditionnement des formes injectables

2 – 4  - Intolérances locales et générales

2 – 4 – 1  - Les intolérances locales

2 – 4 – 2  - Les intolérances générales

 

3 - Les formes destinées à la voie rectale

 

4 - Formes administrées par voie vaginale

 

5 - Les formes intramammaires

 

6 - Les formes ophtalmiques

 

7 - Les formes administrées par voie respiratoire

 

8 - Administration cutanée

8 – 1 - Structure de la peau et distribution du PA

8 – 2  - Les formes galéniques destinées à être appliquée sur la peau

8 2 – 1 - Quelques définitions

8 2 – 2 - Les formes cutanées

8 – 3 - Conditionnement des poudres cutanées, des liquides cutanés et des pommades

8 – 3 – 1  – tubes et pots

8 – 3 – 2  les formes pressurisées

8 – 3 – 3  – les matrices de polymère

8 – 3 – 4  - les timbres cutanés

 

9 - Les médicaments homéopathiques

9 – 1  définitions

9 – 2  - Déconcentration

9 2  – 1  – Dilutions

9 – 2 – 2  – Triturations

9 – 3  – l’imprégnation

9 3 – 1    les supports

9 – 3 2  – l’imprégnation

 

 

 

 

Pharmacie galénique vétérinaire spéciale

 

Il est possible d’aborder la pharmacie galénique en utilisant des classifications différentes. On peut classer les médicaments :

 

* en fonction de l’espèce animale soignée (médicaments pour le chien, pour le chat…)

* en fonction de la forme galénique (pommade, comprimé, solution…)

* en fonction de l’aspect physique (solide, semi-consistant, liquide…)

* en fonction de la voie d’administration (orale, rectale, cutanée…)

* en fonction la pharmacocinétique (effet local, systémique, immédiat, retard, prolongé…)

 

Aucune classification n’est idéale, chacune présente des inconvénients et des avantages. Dans cette présentation des différents médicaments disponibles en pharmacie vétérinaire, nous avons choisi de présenter ces derniers en fonction de la voie d’administration. Mais nous sommes tout à fait conscient qu’une même forme galénique peut être administrée par des voies différentes (ex : pommade cutanée, pommade ophtalmique, pommade auriculaire, pommade mammaire, pommade rectale, pommade vaginale). Ainsi, quand une forme aura été définie pour une voie d’administration, nous nous contenterons de la cité dans les autres utilisations.

 

Il y a environ 2 600 spécialités répertoriées dans le Dictionnaire des Médicaments Vétérinaires, éditions 1997 sur cédérom. Ces spécialités se répartissent de la façon suivante :

 


 

Dans cette présentation, nous insisterons plus particulièrement sur les formes spécifiques de la pharmacie vétérinaire et sur certaines définitions de formes galéniques. Le vétérinaire est un professionnel du médicament, il doit utiliser les termes corrects désignant les différentes formes galéniques. Il doit également connaître les caractéristiques des formulations. Ainsi, grâce à ses connaissances, il pourra choisir, parmi les différentes formulations d’un même PA, celle qui répond le mieux à son objectif thérapeutique.

 

Cette partie est complémentaire à la partie «pharmacie galénique générale» qui envisage la fabrication des médicaments et l’étude des excipients. Il est nécessaire de comprendre et de connaître la première partie pour aborder efficacement cette présentation. Enfin, la formulation d’un PA peut influencer son devenir dans l’organisme, il est conseillé de consulter son cours de biopharmacie pour apprécier pleinement les limites et les avantages des différentes voies d’administrations et des différentes formes pharmaceutiques (biodisponibilité, bioéquivalence…).

 

Il est important de noter que les noms des formes pharmaceutiques sont attribués par les industriels et que parfois les appellations choisies sont fantaisistes (ex Virbac qui qualifie Duowin® de «line on» et non pas de «pour on» ; les sphérulites® qui sont en fait des vésicules multilamellaires). Certaines sont définies par la pharmacopée française et européenne, ou par l’Académie Nationale de Pharmacie (voir par exemple le dictionnaire des sciences pharmaceutiques et biologiques) alors que d’autres sont retenues par l’usage mais pas par les structures académiques (ex : oblet, « spot on », bolus).

 

1 - Formes administrées par voie orale

 

La voie orale est la principale voie d’administration des médicaments utilisée en médecine vétérinaire. Il est possible d’administrer par voie orale des formes solides, semi-consistantes ou liquides.

 

1 - 1  Les formes solides destinées à la voie orale

 

L’élément de base des formes solides administrées par voie orale est la poudre. La poudre (du latin pulverem, accusatif de pulvis) est le résultat de la fragmentation en éléments de taille inférieure à 1,25 µm, d’un produit ou d’un matériau solide sans que cette opération fasse subir des modifications de propriétés. Avant son utilisation, il est indispensable de vérifier les qualités techniques de la poudre : granulométrie, uniformité de teneur et masse.

 

A la place de la poudre, c’est à dire des particules pulvérulentes, il est possible d’utiliser des microparticules (microsphères ou microcapsules) ou des grains de poudre. Les microparticules sont des sphères dont le diamètre est inférieur à 1 mm, généralement le diamètre moyen est égal à 200 µm, composé au moins du PA et d’un polymère (nous verrons en TP un protocole de préparation). Les grains de poudres sont obtenus par agglomération des particules pulvérulentes suivie d’un tamisage. Les microparticules et les grains sont préférés aux poudres pulvérulentes car ils ont une densité plus importante ce qui leur confère des propriétés rhéologiques recherchées en pharmacie galénique.

 

Rhéologie : du grec rhein : s’écouler, science qui étudie les déformations et l’écoulement de la matière (comportement mécanique des matériaux).

 

La poudre, simple ou composée (mélange de plusieurs poudre) est rarement administrée seule, des excipients l’accompagnent. Les excipients sont choisis en fonction de la présentation retenue.

 

Forme solide administrée par voie orale :

PA +/-

diluant

Liant

Délitant

Lubrifiant

etc

 

On peut utiliser des poudres libres (formule très simple qui peut se limiter au PA + diluant) conditionnées dans une enveloppe non avalée ou pouvant être avalée avec le médicament.  Il est possible d’agglomérer la poudre avec un liant (la formule et la mise en forme deviennent alors un peu plus complexe). Enfin, il est possible de comprimer la poudre (la formule est alors encore plus complexe).

 

 

1 – 1 – 1 - Les formes solides contenant une poudre libre :

 

Poudre libre

Enveloppe non avalée

Pliée

Paquet

 

 

 

Pliée et soudée

Sachet

 

 

 

Enveloppe pouvant être avalée

2 cupules de pain azyme emboîtées ou collées

Cachet

 

2 cupules de gélatine emboîtées

Capsule rigide

Gélule

Capsule molle

Perle

Globule

 

 

Ces différentes présentations sont obtenues avec une formule simple : PA + diluant, facile à mettre au point et accessible au vétérinaire praticien qui veut faire des préparations extemporanées. Les médicaments sont généralement stockés à l’abri de l’humidité. Les doses unitaires ainsi préparées ne sont pas fractionnables. L’enveloppe des cachets et des gélules permet de masquer une odeur et une saveur désagréable. Elle peut également subir des traitements la rendant gastro-résistante.

 

Attention cachet n’est pas synonyme de médicament, c’est une forme pharmaceutique précise qui n’est pratiquement plus utilisée.

 

 

 

 

 

Cachet : cupules emboîtées     

 

 

 Cachet : cupules collées

 

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Capsule dure (gélule)

 

 

1 – 1 - 2  Les formes solides contenant une poudre agglomérée

 

Poudre agglomérée

Par excipient pâteux

 

Divisée en sphères

Pilule (bol, granule)

Avec du sucre, sirop de sucre, gomme

Divisée en fragments vermiculés

Granulé

(saccharure granulé)

Divisée en tablette

 

Tablette

Divisée en cube, consistance semi-molle

Pâte sucrée

Par compression

 

 

Comprimé

 

 

Attention au bon usage du terme pilule : la pilule n’est pas un moyen de contraception féminin, c’est la désignation d’une forme galénique. La forme solide administrée par voie orale utilisée comme moyen de contraception est un comprimé. Pendant la fabrication des pilules, on obtient une «pâte » : la masse pilulaire. Elle est alors roulée sur la planchette du pilulier et divisée en petits fragments. Les fragments sont ensuite arrondis en les roulant entre le pouce et l’index, puis entre une surface plane et un disque de bois. Les petites sphères sont séchées et deviennent très dures. Les pilules ne sont plus utilisées, car les sphères obtenues sont très dures ce qui rend leur dissolution difficile, ce qui entraîne un défaut de libération du PA. Les grosses pilules sont appelées bols, alors que les petites pilules sont appelées granules.

 

 

 

Pilulier officinal

 

Pour obtenir ces formes, il est indispensable d’ajouter à la formule des excipients spécifiques (PA + diluant + liant). On obtient des formes unitaires qui se conservent assez bien. Par contre la libération du PA nécessite une étape supplémentaire par rapport aux formes contenant la poudre libre : la désintégration du médicament pour permettre la dissolution ou la distribution moléculaire du PA. La désintégration est plus ou moins rapide et facile en fonction des conditions de fabrication et des excipients retenus.

 

La mise au point de la formule des comprimés est particulièrement délicate. Leur formule minimale comporte, en plus du PA, du diluant et du liant, des lubrifiants et des délitants. Il est indispensable de rechercher la juste quantité d’excipient nécessaire pour chacun des excipients. Par exemple, si on ne met pas assez de lubrifiant, l’écoulement ne sera pas régulier et les comprimés fabriqués ne seront pas homogènes. Par contre si on met trop de lubrifiant, les comprimés seront friables. La formule nécessite donc une attention toute particulière. Enfin, la compression directe est rarement possible, il est souvent nécessaire de faire une granulation préalable (granulation sèche ou le plus souvent humide ; voir cours), imposant des excipients supplémentaires.

 

Le comprimé ainsi fabriqué est nu, mais on peut le recouvrir d’un enrobage de sucre (on obtient alors une dragée) ou le recouvrir d’un agent filmogène ou encore d’un verni. Cet enrobage permet de masquer une saveur et un goût désagréable. Si la surface du comprimé présente des rainures, on obtient un comprimé sécable. Il sera possible de le diviser en 2 ou 4 pour adapter le médicament au poids de l’animal.

 

Le comprimé peut présenter un enrobage gastro-résistant pour protéger le PA du contenu acide de l’estomac d’un monogastrique (dans ce cas, le comprimé n’est pas sécable).

 

On peut fabriquer des comprimés multicouches ou des doubles comprimés.

 

 

Comprimé multicouche et double comprimé

 

photo de comprimés doubles (intacte et coupées)

 

Avec les comprimés effervescents, la libération du PA est accélérée (l’effervescence est assurée par l’association d’un acide organique faible et de bicarbonate). La libération du PA peut être retardée. Pour cela, on peut réaliser un revêtement résistant à l’estomac des monogastriques, la libération du PA se fait alors dans l’intestin ou encore dans le colon grâce à un revêtement particulier.

 

Généralement les comprimés sont conditionnés sous blister (dans les alvéoles thermoformées d’une plaquette en plastique fermée par une feuille d’aluminium thermosoudée) mais on en trouve dans des flacons en plastiques.

 

1 – 1 – 3  - les bolus

 

La libération du PA peut être prolongée : bolus antiparasitaire pour ruminant (ex Chronomintic ®, Ivomec® SR bolus, Panacur® bolus, Paratect Flex®,  Repidose®). Le rumen est utilisé comme réservoir : le médicament persiste dans le rumen, soit parce qu’il est lourd et tombe au fond, soit parce qu’il est trop encombrant pour poursuivre le transit. La libération du PA se fait sur plusieurs semaines de façon continue ou discontinue. Le terme de bolus n’est pas un terme reconnu officiellement, mais l’usage le retient pour ces formes particulières. Comme le marché des antiparasitaires internes est très important, chaque industriel doit occuper cette niche économique. Mais comme les formulations proposées sont protégées par des brevets, chaque industriel doit développer une solution originale pour obtenir une libération prolongée de PA. C’est la raison du nombre important des systèmes proposés.

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Repidose®

 

 

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Coupe transversale

 
 

 


Panacur® (vue d’ensemble et coupe transversale) et photo

 

 

Chronomintic®

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Ivomec® bolus

 

 

 

Proftril® (plus commercialisé en France) : les ailettes sont retenues le long du cylindre et libérées dans le rumen

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Paratect®

 

 

Le tapis de polyéthylène enroulé contenant le PA pris en sandwich, dans le rumen le tapis se déroule.

 

 

 

Photo des différents bolus commercialisés en France.

 

 

 

Parfois le terme bolus est utilisé pour qualifier de gros comprimés (Inoxyl® bolus).

 

Autres désignations données par les industriels de formes solides destinées à la voie orale :

oblet : Biotiprim® et Colampi® oblet, laboratoire Biové (voie orale et vaginale).

ogivette ( Amoxicilline Gifavet® ogivette, Biocolix® et Intestivo® de Virbac).

pastille orale (ne correspond pas à la définition de la pastille).

sucre (8 spécialités du laboratoire Thékan).

 

Ce sont  en fait des comprimés.

 

 

1 – 2 - les formes semi-consistantes administrées par voie orale

 

A côté des formes solides, il existe des formes semi-consistantes : gel oral et pâte orale (ces termes sont définis dans les formes appliquées sur la peau). Les gels et pâtes oraux sont conditionnés dans des seringues en plastique ou dans des récipients distributeurs. Ces conditionnements permettent ainsi de contrôler la dose administrée pour l’adapter au poids de l’animal.

 

 

Pâte orale dans une seringue

 

 

1 – 3 – Les formes liquides administrées par voie orale

 

On trouve également des formes liquides :

 

Gel buvable : la quantité de gélifiant est faible, ce qui permet d’obtenir une solution visqueuse.

 

Solution : une solution est un système homogène à l’œil nu, caractérisé par la distribution moléculaire d’un ou plusieurs composés dans un solvant. Le composé est appelé soluté. L’utilisation du terme soluté pour désigner une solution est abusive et doit être évitée (ex solution de chlorure de sodium à 0,9%, le NaCl est le soluté de la solution). La solution peut être aqueuse, alcoolique, huileuse …

 

Sirop : c’est une préparation aqueuse contenant du sucre en forte proportion, dans laquelle ont été introduites des substances médicamenteuses, souvent accompagnées de produits aromatiques et de colorants.

 

Suspension : une suspension est un système hétérogène constitué par la distribution d’un ou plusieurs solides (phase dispersée) dans un solvant (phase dispersante).

 

Ces formes liquides sont le plus souvent présentées dans des flacons multidoses, avec éventuellement un système de distribution permettant de contrôler la dose administrée.

 

 

1- 4 - les formes destinées à la muqueuse bucco-dentaire

 

Certaines formes administrées par voie orale sont destinées à un effet local sur les muqueuses buccales. Les formes bucco-dentaires ne sont pas nombreuses car il est difficile d’expliquer à un animal qu’il ne doit ni recracher, ni avaler un médicament, mais le garder dans la bouche. Malgré cette difficulté, il existe quelques formes destinées surtout aux animaux de compagnies. On dispose de formes équivalentes à celles vues ci-dessus (pâte orale, gel dentaire, comprimés), des dentifrices et des formes plus spécifiques (ex : lamelles à mâcher (Prozym® ; Sepval-Sogeval : qui correspondent à des peaux de bœufs séchées enduites de protéines, d’aromatisants…) ; comprimés bio-addhésifs qui se collent sur la muqueuse buccale).

 

Dentifrice : produit d’hygiène buccodentaire le plus souvent sous forme de pâte ou de gel, parfois de poudre ou de liquide destiné au nettoyage des dents et des gencives, ainsi qu’à la désodorisation de la cavité buccale. La formule comprend généralement un agent polissant légèrement abrasif (ex : carbonate de calcium), un épaississant (ex : dérivés de la cellulose), un tensio-actif à propriétés mouillantes et moussantes, un humectant (ex : glycérol) et éventuellement des conservateurs, des aromatisants, des colorants… Certains dentifrices contiennent des anti-inflammatoires, des antimycosiques… ou des fluorures à forte dose, ce sont donc des médicaments.

 

Bio-adhésion : en pharmacotechnie, phénomène interfacial, faisant intervenir au moins un support biologique, ne différant de l’adhésion classique que par les propriétés et les caractéristiques propres du ou des tissus considérés. Pour un médicament, on parlera de mucco-adhésion, c’est à dire de l’adhésion d’une forme pharmaceutique à une muqueuse correspondant soit au site d’action du principe actif, soit à sa fenêtre d’absorption. En réalité lorsqu’un médicament adhère sur une muqueuse, il interfère avec le mucus, celui-ci variant sensiblement d’un organe à l’autre, voire d’une région à l’autre. La bio-adhésion peut s’appliquer à des formes pharmaceutiques administrées aussi bien par voie topique (cutanée) que digestive.

 

Conclusion

 

Les formes galéniques sont nombreuses, mais en pratique, on utilise surtout des comprimés. Parfois des termes impropres sont utilisés et s’imposent chez le grand public et dans les médias (pilule, cachet…), d’autres fois ce sont les responsables du marketing qui inventent des termes pour donner l’illusion de la nouveauté. Malgré tout, il est important de connaître et d’utiliser les termes appropriés, car cela permet de bien se faire comprendre et évite tout malentendu. De plus, il est important de comprendre les caractéristiques d’une forme galénique et par conséquent l’intérêt des différents excipients utilisés (leur fonction respective dans la formulation) car vous devez être capable d’estimer l’influence de la formulation sur les propriétés pharmacocinétiques du PA.

 

 

2 - Les formes parentérales

 

La voie parentérale est une voie par laquelle on administre des médicaments autrement que par voie orale ou rectale (d’après l’étymologie : à côté du tube digestif). Mais la pratique est plus restrictive et limite la voie parentérale à toute administration réalisée par effraction, par traumatisme au travers de la peau (ex : IV, SC, intrapéritonéale , intra-articulaire, intrathécale, etc.) et qui n’a pu se développer qu’après l’invention de la seringue par Pravaz en 1853.

 

Les médicaments vétérinaires destinés à être administrés par voie parentérale sont nombreux. L’administration par voie parentérale est fréquente car elle est pratique et semble très simple. C’est devenu un acte banal. Mais en réalité, une administration bien faite et respectueuse des règles d’hygiènes est un acte technique complexe : ainsi de nombreuses IM sont en réalité des intragraisses ou des SC, une IV ratée peut avoir des conséquences plus ou moins graves…

 

Les formes destinées à la voie parentérale sont essentiellement des liquides, mais on trouve quelques solides.

 

 

2 – 1 -  Les formes liquides :

 

Les formes liquides administrées par voie parentérale sont des systèmes homogènes : des solutions ou des systèmes hétérogènes : des émulsions ou des suspensions.

 

Solution : phase unique apparemment homogène constituée le plus souvent  d’un liquide (solvant) contenant une substance divisée à l’état moléculaire.  Le solvant peut être de l’eau, un autre solvant polaire (PEG : polyoxyéthylène glycol de faible poids moléculaire, éthanol…) ou apolaire (huile, hydrocarbure…). Le terme soluté, au sens moderne, caractérise la substance dissoute dans le solvant (définition retenue par les auteurs anglo-saxons). L’utilisation de ce terme à la place de solution est maintenant obsolète et doit être évitée.

 

Emulsion : (du latin emulgere : traire, le lait étant l’émulsion type) système hétérogène constitué par la dispersion d’un liquide (phase dispersée ou interne ou discontinue) dans un autre liquide (phase dispersante ou externe ou continue). La phase dispersée n’est pas miscible dans la phase dispersante. L’émulsion a un aspect blanc, opaque car les gouttelettes ne laissent pas passer la lumière mais la réfléchissent totalement sans absorbées certaines longueurs d’ondes.

 

Suspension :  système hétérogène constitué par la dispersion d’un solide insoluble et finement divisé dans une phase dispersante.

 

Les solutions sont des systèmes homogènes, c’est à dire très stable d’un point de vue thermodynamique (en d’autres mots, si on divise virtuellement le système en petits compartiments, tous les compartiments ont la même concentration de PA). Par contre les systèmes hétérogènes (émulsions et suspensions) sont instables : l’évolution se fait vers la séparation de phase. La séparation de phase peut se faire de plusieurs façon, en fonction de la densité de la phase dispersée et de la phase dispersante. On peut avoir un crémage (phase dispersée moins dense que la phase dispersante), une floculation (phases de densités proches) ou une sédimentation (phase dispersée plus dense que la phase dispersante).

 

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


1 : crémage ; 2 : floculation ; 3 : sédimentation.

 

exemple de suspension injectable (à gauche avant homogénéisation : sédimentation ; à droite après homogénéisation)

 

 

Avant d’injecter un système hétérogène, il est indispensable de l’homogénéiser  (c’est à dire d’agiter le flacon ou l’ampoule). Les formulations permettent généralement l’homogénéisation facile du médicament et la cinétique de séparation des phases est suffisamment lente pour que le praticien ait le temps d’injecter le médicament homogénéisé. Il existe des excipients qui stabilisent ces systèmes hétérogènes comme les épaississants, les gélifiants et les tensio-actifs (voir la partie galénique générale).

 

On trouve des solutions aqueuses, des solutions huileuses (il existe des huiles officinales), des émulsions aqueuses (elles sont alors qualifiées d’huile dans eau : o/w), des émulsions huileuses (w/o), des suspensions aqueuses et des suspensions huileuses. La biodisponibilité des différentes formes liquides injectables varie et est abordée dans le cours de biopharmacie.

 

Toutes ces formes ne peuvent pas être administrer directement dans la circulation générale. En pratique seules les solutions aqueuses, si les propriétés intrinsèques du ou des principe(s) actif(s) du médicament le permettent, peuvent être administrer directement dans la circulation générale. Mais il existe quelques rares exceptions : les suspensions de nanoparticules (particules sphériques contenant au moins le principe actif et un polymère et qui ont un diamètre < 1µm) et les émulsions utilisées en médecine humaine pour l’alimentation parentérale (Endolipide®  émulsion : huile de soja et lécithine d’œuf, Intralipide® émulsion : idem, Ivélip® émulsion : huile de soja et phosphatides d’œuf). Ce sont des émulsions stabilisées et caractérisées par des gouttelettes très fines.

 

 

2 – 2 - Les formes solides :

 

Certaines formes solides sont destinées à la voie parentérale : la poudre lyophilisée et les implants.

 

Poudre lyophilisée : cette présentation se situe à la limite entre la forme liquide et la forme solide. La lyophilisation est l’opération de dessiccation par sublimation de la glace. La solution aqueuse est préalablement congelée à très basse température, puis, au cours d’un léger réchauffement, est soumise à l’action du vide. L’eau passe ainsi directement de l’état solide à l’état vapeur. Avant d’administrer le médicament, le praticien solubilise, de façon extemporanée, la poudre lyophilisée (la solubilisation est rapide et facile). De nombreux composés fragiles sont présentés de cette façon (certains vaccins, hormones, sérums, antibiotiques …).

 

Les implants : en pharmacie on désigne sous le terme d’implant des préparations médicamenteuses (généralement des comprimés) destinées à être administrées par voie SC. Ces préparations médicamenteuses libèrent alors le principe actif pendant une durée prolongée avec résorption lente et régulière. Il existe peu d’implant en pharmacie vétérinaire. Actuellement, on préfère utiliser des suspensions de microparticules.

 

 

2 – 3  – Le conditionnement des formes injectables

 

Plusieurs conditionnements peuvent être retenus pour présenter les différentes formes que nous venons de présenter.

On choisit soit des flacons (unidoses ou multidoses), soit des ampoules, soit des poches en plastiques (outres), soit des seringues pré-remplies (vaccins), voire des carpules. Les conditionnements doivent être transparents pour permettre la vérification visuelle de l’aspect du contenu et avec une fermeture étanche pour éviter les contaminations. Pour les flacons multidoses, les fermetures sont suffisamment élastiques pour garantir l’obturation du passage de l’aiguille dès son retrait.

 
 


Les flacons, en verre ou en plastique, sont obturés par des bouchons ou des capsules. Ils sont utilisés pour le conditionnement de liquides (unitaires ou multidoses) ou de poudres lyophilisées.

 

Respectivement flacon, ampoules et carpule

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les ampoules sont des récipients cylindriques entièrement en verre, à paroi mince et dont la fermeture, après remplissage, est obtenue par fusion du verre (scellage à la flamme). La forme est variable : on distingue l’ampoule à deux pointes et l’ampoule bouteille dont une des extrémités est à fond plat et l’autre finement étirée ou à col large. Les ampoules contiennent le plus souvent des liquides, mais aussi parfois des poudres lyophilisées. Le contenu de l’ampoule ne peut être récupéré qu’après rupture d’une extrémité (elles sont  souvent auto-cassantes). Il existe des ampoules en plastiques, mais généralement elles contiennent un collyre.

 

Les poches sont des dispositifs constitués d’une seule pièce en matière plastique, destinés à contenir des liquides à vocation thérapeutique (ex : poche pour perfusion).

 

Les seringues pré-remplies sont surtout utilisées pour les vaccins. Le liquide à injecter se trouve à l’intérieur de la seringue, il suffit alors de visser le piston pour l’injecter.

 

Les carpules sont des petits tubes fins à bouchon de caoutchouc, directement adaptable sur seringues à tuberculinisation. C’est un conditionnement multidose spécifiquement vétérinaire (il existe 2 spécialités conditionnées dans des carpules : Tuberculine Bovine PPD® et Tub Forte PPD®).

 

 

2 – 4  - Intolérances locales et générales

 

 

L’administration parentérale est très utilisée en médecine vétérinaire. C’est un acte qui semble très simple, mais il ne faut pas le sous estimer et le banaliser. Il est indispensable de respecter les règles de bonne utilisation expliquées en techniques chirurgicales pour pouvoir faire une administration correcte et éviter des complications dont le vétérinaire sera responsable. Parfois, même en respectant ces règles, les administrations parentérales ne sont pas bien tolérées, on observe alors une intolérance locale et générale.

 

2 – 4 – 1  - Les intolérances locales 

 

Les intolérances locales se traduisent par une douleur pouvant être intense et le développement de lésions au niveau du site d’injection. Ces lésions sont plus ou moins grave :

réversibles : œdème, exsudat, légère hémorragie musculaire (disparition en 3 – 4 j)

irréversibles : nécrose, tissu fibreux cicatriciel, foyer purulent aseptique

 

Des tissus voisins du site d’injection peuvent être également touchés (inflammation d’une fibre nerveuse...)

 

Les intolérances locales posent des problèmes :

- économiques en dépréciant la valeur de la carcasse : elles sont responsables de 15 à 35 % des saisies des carcasses de bovin (jeune ou adulte) et 11 % des saisies des carcasses de porc.

- de santé publique : la résorption du ou des PA est modifiée, et les résidus de médicament peuvent persister au niveau du site d’injection.

- éthique à cause des douleurs infligées aux animaux

 

Remarque  souvent on préconise une IM profonde pour injecter un médicament irritant: L’IM profonde est également douloureuse, mais permet de masquer, sur l’animal vivant les éventuelles lésions.

 

La tolérance locale d’une injection dépend de plusieurs paramètres :

La voie d’administration

La forme galénique

Les propriétés des matières premières

La concentration

Le volume

Le pH

L’osmolarité

La vitesse d’injection

 

La voie d’administration :

Les IV strictes (réussies) sont généralement les administrations parentérales les mieux tolérées. Parfois, en fonction du médicament, il est conseillé d’aspirer un peu de sang avant d’injecter. Si l’IV n’est pas réussie, une phlébite peut se développer.

L’intragras (intramusculaire ratée) est bien toléré, mais comme la graisse est peu vascularisée la résorption peut être diminuée.

Une intramusculaire est mieux tolérée qu’une sous cutanée. Une SC doit être éviter avec les produits irritants ou si le pH est trop faible ou trop élevé.

 

La forme galénique :

De façon très simplifiée et schématique (et pour le même PA) :

Une solution est mieux tolérée qu’une suspension

Une forme liquide huileuse est mieux tolérée qu’une forme liquide aqueuse.

 

Les matières premières du médicament

Certains PA sont très irritants et sont mal tolérés après injection. Les PA très irritants doivent être administrés en IV (si possible). De toute façon, évitez la SC.

Ex de PA irritants : noradrénaline, digoxine, lidocaïne, chloramphénicol, tétracycline, érythromycine, spiramycine, tylosine

 

Certains excipients sont également irritants et douloureux

Ethanol, si >10%

Propylène glycol si > 30%

Glycérol si > 40%

 

La quantité de PA :

Pour un même PA, plus le médicament est concentré, plus il sera irritant

 

Le volume :

Pour un même PA, plus le volume injecté est important, plus la tolérance locale sera mauvaise.

 

Le pH :

Si le médicament ne contient pas de système tampon et si son pH est compris entre 4 et 10, le médicament est assez bien toléré. Les fluides de l’organisme ont des pouvoirs tampons qui peuvent protéger l’organisme. Bien sûr le pouvoir tampon varie en fonction de l’organe, le sang a le pouvoir tampon le plus puissant. Par contre, si le médicament contient un système tampon qui garantit un pH acide ou basique, les pouvoirs tampons de l’organisme seront inefficaces et des phénomènes d’intolérances locales sont fortement probables.

 

Les médicaments dont le pH est inférieur à 4 ou supérieur à 10 sont mal tolérés.

 

L’osmolarité

La tolérance des solutions hypertoniques est très limitée.

 

La vitesse d’injection :

Ce paramètre est moins important par rapport aux autres. Il peut être important avec certains PA peu solubles dans l’eau : une injection rapide peut entraîner une précipitation responsable d’une intolérance locale et d’une résorption perturbée (ex : diazepam).

 

Bilan : vous devez injecter une dose importante d’un PA : il est conseillé de ne pas concentrer le médicament et de multiplier les injections (on a alors une concentration faible et un volume, à chaque injection, faible).

 

2 – 4 – 2  - Les intolérances générales

 

De façon très schématique, les problèmes d’intolérances générales peuvent être dus :

 

- A un mauvais choix d’administration :

Les systèmes particulaires (émulsion, suspension) ou les solutions huileuses sont interdites par voie IV. Les émulsions très fines (utilisées en alimentation parentérale), les liposomes et les suspensions de nanocapsules (sphères dont le diamètre est inférieur à 1µm) sont des exceptions.

 

Remarque : même les suspensions de nanocapsules ne sont pas toujours bien tolérées et peuvent responsables de la mort des animaux dans l’heure qui suit l’administration. Ce phénomène serait dû à l’agglomération des particules et donc à la formation de particules plus volumineuses, mais il n’y a pas encore de preuve confortant cette hypothèse.

 

- Au(x) principe(s) actif(s)

effets secondaires : même aux doses thérapeutiques, il est parfois observé des effets secondaires (ex : allergies aux pénicillines, néphrotoxicité de la gentamicine… voir le cours de pharmacie, pharmacologie spéciale de D2).

 

par un surdosage : si le praticiens se trompe dans la posologie et administre une dose trop importante (voir les cours de toxicologie et de pharmacie, pharmacologie spéciale). Mais la toxicité due à un surdosage n’est pas spécifique à la voie parentérale et se rencontre également avec les autres voies d’administration.

 

- Au(x) excipient(s)

Certains excipients sont responsables d’une toxicité.

 

Ex :

choc anaphylactique provoqué par l’huile d’arachide et l’huile de sésame utilisées comme véhicule dans des solutions huileuses (administrées par voie SC ou IM).

cécité due au méthanol

l’éthylène glycol provoque une insuffisance rénale irréversible

la polyvidone, en IV, provoque une libération d’histamine

 

 

3 - Les formes destinées à la voie rectale

 

Bien que peu utilisée en médecine vétérinaire, la voie rectale présente plusieurs avantages par rapport à la voie orale. On évite les problèmes de goût, de vomissement, de destruction par le milieu gastrique des monogastriques. De plus, la vascularisation du rectum (les 2/3 inférieurs sont irrigués par des veines hémorroïdales qui se jettent dans la veine cave) court-circuite le foie. On évite ainsi un premier passage hépatique qui peut être très important (ex : l’anticonvulsivant diazepam est administré par voie rectale mais pas par voie orale car le premier passage hépatique entraîne une diminution d’environ 80% de la biodisponibilité de ce PA).

 

Parmi les formes administrées par voie rectale, on trouve des lavements (liquide plus ou moins visqueux), des pommades rectales et surtout des suppositoires.

 

Suppositoire : préparation de consistance solide, de forme cylindro-conique (obus ou torpille), comprenant un ou plusieurs PA dissous ou dispersés dans un excipient unique ou composé, fusible, soluble ou dispersible dans le contenu de l’ampoule rectale (généralement température de fusion vers 35°C). Les suppositoires ont une forme asymétrique, car il y a un sens pour les administrer. On administre l’extrémité aplatie en premier dans l’anus. Ainsi, par les contractions réflexes, le suppositoire aura tendance à pénétrer plus profondément et à ne pas être expulsé par l’anus.

 

 

 

 

 

 

 

 


Suppositoire

 

 

 

4 - Formes administrées par voie vaginale

 

En médecine vétérinaire la voie vaginale est généralement utilisée pour obtenir un effet local. La plus part des médicaments administrés par cette voie sont réservés aux animaux de rentes.

On trouve parmi ces médicaments des oblets, des ovules, des gels vaginaux, des mousses vaginales, des pommades vaginales et des suspensions vaginales.

 

Oblet : comprimé classique destiné à la voie vaginale. Ce terme est retenu par l’usage, mais il n’y a pas de définition officielle ou académique. Parfois le terme est utilisé pour un comprimé pouvant être utilisé par voie orale ou vaginale (ex : Biotiprim®, oblet anti-infectieux, laboratoire Noé-Socopharm ; administration : voie orale ou intra-utérine).

photo d’oblets sous blister et sorti du blister (taille environ 5 cm)

 

Ovule : gélule molle, la forme est sphérique et l’enveloppe de gélatine contient du glycérol qui hydrate la gélatine qui reste alors souple.

 

Les autres formes sont définies dans d’autres chapitres (seule la voie d’administration change) ou sont évidentes.

 

Enfin, une spécificité de la pharmacie vétérinaire, les médicaments utilisés pour synchroniser les chaleurs. Il y a deux types de présentations : les spirales vaginales (Prid® : pour Progestérone Releasing Intravaginal Device) et les éponges vaginales (chrono-get® ; Syncro-part®)

 

La spirale est composée d’une matrice en acier inoxydable recouverte d’un ruban de silicone contenant 1,55 g de progestérone. Une gélule contenant du benzoate d’oestradiol est collée sur la face interne de la spirale. Après administration de la spirale dans le vagin de la vache, la gélule libère son PA qui agit immédiatement en éliminant les corps jaunes. La progestérone est libérée tant que la spirale se trouve dans le vagin et pénètre dans l’organisme. Quand on retire la spirale, le taux de progestérones chute et la vache initie un cycle.

 

Spirale vaginale

 

 

L’éponge en polyuréthanne est imprégnée d’un dérivé de progestérone. Son utilisation est identique à la spirale.

 

 

 

éponge vaginale (schéma et photo)

 

Ces dispositifs restent environ 15 j dans le vagin, une ficelle permet de les retirer sans problème.

De nombreux essais ont été réalisés avant de trouver les formulations adéquates. Les principaux problèmes rencontrés étaient : une irritation locale pouvant être très importante et un mauvais contrôle de la libération des PA.

 

 

5 - Les formes intramammaires

 

Le plus souvent, les médicaments administrés par voie intramammaire sont des gels ou des pommades qui sont conditionnés dans des seringues en plastiques pour faciliter l’administration par le canal galactophore. Souvent, les seringues sont vendues avec des lingettes pour nettoyer le trayon. Leur action est locale, à l‘intérieur du pis correspondant au trayon, mais le principe actif peut très bien passer dans le reste de la mamelle ou dans la circulation générale.

 

photo d’une seringue avec sa lingette

 

On trouve également des mèches, des crayons et des suspensions.

 

Les crayons sont des bâtonnets résorbables dans le canal du trayon en quelques heures, cette forme n’est pas utilisée en France.

Les mèches par contre ne sont pas résorbables et doivent être retirées.

Exemple de mèches : Mèches dilatatrices Vétoquinol (mèches stériles sur support de vaseline), qui permettent une dilatation permanente du canal du trayon, une cicatrisation des blessures du trayon, une régénération naturelle du sphincter.

 

Remarque : pour soigner une mammite on peut utiliser des formes locales (intramammaires) mais aussi la voie générale.

 

 

6 - Les formes ophtalmiques

 

Les préparations oculaires sont des préparations stériles, liquides ou semi-solides, destinées à être instillées ou appliquée au niveau de l’œil.

 

Plusieurs formes galéniques peuvent être appliquées sur l’œil : bain, collyre (à ne pas confondre avec collutoire), gel ophtalmique, pommade ophtalmique, lingettes.

 

Collyre : solution ou suspension stérile contenant une ou plusieurs substances médicamenteuses, destinée à l’instillation oculaire. La pression osmotique et le pH sont adaptés afin de permettre une bonne tolérance. Les collyres sont conditionnés dans des récipients en verre ou en toute autre matière appropriée, dits unidoses et multidoses. Ils peuvent contenir un agent antimicrobien si la solution n’a pas, par elle-même, de propriétés antimicrobiennes adéquates. La durée d’utilisation des collyres ne doit pas excéder 15 jours après l’ouverture du flacon.

 

Pommade ophtalmique : préparation semi-solide, stérile, destinée à être appliquée sur les conjonctives. Lorsque le PA est dispersé, la granulométrie doit être inférieure à 50 nm. Les pommades ophtalmiques sont conditionnées en petits tubes flexibles, stérilisées, comportant une canule et contenant au plus 5 g de PA. Les pommades ophtalmiques peuvent être conditionnées en récipients de forme appropriée, dont le contenu est destiné à être utilisé en une seule fois.

 

7 - Les formes administrées par voie respiratoire

 

Bien qu’il n’y ait pas de médicaments vétérinaires administrés par voie respiratoire, il est intéressant de préciser quelques points.

 

La voie respiratoire est utilisée, soit pour atteindre les muqueuses de l’appareil respiratoire supérieur : cavités nasales, rhino-pharynx ; soit pour atteindre l’appareil respiratoire profond : bronches, bronchioles, canaux alvéolaires et alvéoles.

 

Le plus souvent, on utilise des aérosols.

Aérosol : désigne des produits conditionnés sous pression à usage divers. Selon les conditions de fabrication, les particules sont de tailles différentes (diamètres compris entre 0,001 et 100 µm). Dans les préparations destinées à l’arbre respiratoire, les plus grosses particules sont arrêtées par le nez. Pour atteindre les alvéoles pulmonaires, les gouttelettes doivent avoir un diamètre inférieur à 1µm. Seul un appareillage complexe appelé générateur d’aérosols peut transformer extemporanément le liquide médicamenteux en fines particules. Les bombes à aérosols ne permettent pas la délivrance de gouttelettes de cette taille.

 

Un générateur d’aérosols comprend schématiquement un dispositif de pulvérisation et un dispositif de filtration pour la rétention des grosses particules. Le dispositif de pulvérisation se trouve au fond de l’appareil et contient le liquide médicamenteux. Ce liquide monte dans le tube capillaire dont l’extrémité supérieure débouche en face d’une arrivée d’air comprimé. La source d’air comprimé peut-être une bouteille d’air comprimé (il faut alors la recharger périodiquement), soit un compresseur (le plus souvent un compresseur à membrane qui permet d’obtenir un débit gazeux de l’ordre de 20 litres à la minute, sous une pression de 600 à 800 g au cm²). Le fort courant gazeux crée une dépression à l’extrémité du tube capillaire et entraîne le liquide en le pulvérisant très finement. Les tailles des particules obtenues sont diverses et il est nécessaire de les filtrer pour éliminer les plus grosses. Généralement, on utilise un filtre placé sur le chemin des gouttelettes. On peut également réaliser une filtration liquide : l’aérosol traverse par barbotage un liquide qui retient les grosses particules. Ce système permet d’obtenir des gouttelettes de diamètre inférieur à 0,5 µm mais avec un rendement limité. La détente de l’air comprimé produit un refroidissement non négligeable. Il est indispensable d’ajouter un système de chauffage (en utilisant une résistance électrique par exemple).

C’est donc un dispositif complexe qui est peu utilisé en médecine vétérinaire. Ce dispositif sert surtout pour des soins locaux de l’appareil respiratoire profond (bronchioles, canaux alvéolaires et alvéoles).

 

Remarque : les bombes à aérosol seront présentées dans la partie «administration cutanée».

 

Le générateur d’aérosol permet de réaliser des inhalations. L’inhalation est un procédé d’administration par les voies respiratoires supérieures de produits volatils (ex : huiles essentielles), d’aérosols ou de produits gazeux (ex : anesthésiques gazeux). L’objectif visé est une atteinte locale (muqueuse respiratoire) ou générale, après absorption et distribution dans l’organisme par la circulation.

 

Pour faire des inhalations, on peut utiliser un générateur d’aérosols ou, plus classiquement un inhalateur. L’inhalateur est un appareil qui permet de favoriser l’inhalation de gaz, de produits véhiculés par la vapeur d’eau ou sous forme d’aérosols. Il existe des inhalateurs pour le nez, les narines, la bouche, la gorge ou pour l’ensemble des voies respiratoires (remarque : si on veut atteindre l’appareil respiratoire profond, il faut utiliser un générateur à aérosols, cf plus haut).

 

Parfois, on trouve le terme de nébuliseur ou nébulisateur. C’est un appareil de poche permettant une nébulisation dans les fosses nasales ou la gorge. La nébulisation est une opération de fragmentation d’un liquide en fines gouttelettes ou d’un solide en fines particules. Le terme atomisation pour qualifier cette opération est incorrecte. Le résultat obtenu est un nébulisat (le terme atomisat est également impropre).

 

8 - Administration cutanée

 

Les spécialités destinées à être appliquées sur la peau sont nombreuses et diverses. C’est une voie qui présente de nombreux avantages :

l’application est simple et facile

elle est non traumatique

on peut obtenir un effet local ou général

on peut obtenir un effet ponctuel ou prolongé

 

Ces différentes possibilités dépendent bien sûr des propriétés physiques du PA, de la formulation, mais aussi des propriétés biologiques de la peau. Nous allons faire quelques rappels sur la structure de la peau avant d’aborder les différentes formes galéniques disponibles.

 

8 – 1 - Structure de la peau et distribution du PA

 

En histologie (cf le cours d’histologie), il est classique de décrire la peau comme étant constituée d’un épiderme et d’un derme. En biopharmacie, l’organisation de la peau est abordée différemment, puisqu’on fait ressortir la couche cornée (partie «morte » de l’épiderme) et la partie vivante de la peau (épiderme constitué de cellules vivantes et derme). Cette division s’appuie sur des caractéristiques biophysiques différentes qui vont donc influencer la biopharmacie des médicaments appliqués sur la peau. Mais la peau n’est pas qu’un épithélium puisqu’on trouve en plus des phanères, des glandes sébacées et des glandes sudoripares. De plus, la quantité de phanères et la distribution des différentes glandes n’est pas homogène sur l’ensemble de l’enveloppe corporel. C’est donc une organisation complexe (voir figure).

 

Coupe cutanée

 

 

La couche cornée est représentée schématiquement comme un mur dont les briques sont les cellules mortes kératinisées (et très pauvres en eau, schématisées en vert) et le ciment une émulsion riche en lipide (surtout des céramides, schématisé en brun), pauvre en cholestérol et faiblement hydraté (environ 5 à 15% d’eau). Bref, c’est une structure ordonnée faiblement hydratée, riche en lipide et en kératine peu favorable aux échanges. Sa composition particulière lui confère des propriétés différentes de celles des autres membranes cellulaires.

 

Représentation schématique de la couche cornée

Le passage des xénobiotiques peut se faire par échange de phase (ciment intercellulaire et cellules mortes, première flèche) ou par traversé du ciment uniquement (deuxième flèche).

Les follicules pileux et glandes sudoripares peuvent également être des voies de passages des xénobiotiques au travers de la peau.

 

La partie vivante de l’épiderme et le derme ont des caractéristiques proches des autres membranes de l’organisme et leur propriété est semblable. Cette partie de la peau est hydratée et ne s’oppose pas aux échanges avec l’extérieur (si on élimine de façon mécanique la couche cornée, les pertes en eau et l’absorption des xénobiotiques sont importantes).

 

En pratique, en biopharmacie, seule la couche cornée de la peau fait l’objet d’une attention particulière. En effet c’est le principal frein au passage transcutané et cette couche cornée peut servir de réservoir pour les PA très lipophiles. Elle est responsable de la spécificité biopharmaceutique de la peau.

 

Après application du médicament sur la peau, il y a séparation de phase entre le véhicule du PA et la couche cornée. Les PA très hydrophiles et peu lipophiles ont peu d’affinité pour la couche cornée, leur passage dans la couche cornée sera donc limité. Les PA lipophiles pénètrent bien, par diffusion passive, dans la couche cornée. Le passage du PA peut se faire à l’intérieur du ciment intercellulaire, en évitant les cellules kératinisées (1) ou par plusieurs transfert de phase ciment intercellulaire/kératine intracellulaire/ciment intercellulaire (2). Mais comme la partie vivante de l’épiderme et le derme sont riche en eau, un PA très lipophile reste dans la couche cornée. En effet, pour passer de la couche cornée aux parties sous-jacentes, le PA doit être lipophile et hydrophile.

 

Il est important de noter que la peau présente un nombre variable (en fonction des espèces animales et des régions cutanées) de glandes sébacées et sudoripares. Ces glandes peuvent former une surface importante (l’épithélium est invaginé) sans couche cornée et sont richement vascularisées. Elles peuvent par conséquent favoriser l’absorption transcutanée en étant un passage privilégier du xénobiotique. Enfin, il faut également tenir compte des phanères qui peuvent, en fonction de leur importance, constituées une barrière supplémentaire.

 

 

Après ce rapide rappel, nous pouvons définir les différentes parties de l’organismes atteintes après application du médicament sur la peau.

 

- On peut rechercher un effet local, limité à la région cutanée traitée (c’est à dire surface de la couche cornée et éventuellement épiderme), ex : un antiseptique cutané, un kératolytique, un émollient… Par conséquent, si on veut traiter l’ensemble de la surface cutanée, il faut appliquer le médicament sur l’ensemble du corps de l’animal (ex : shampooing, poudre antiparasitaire, bombe à aérosol, bain…).

 

- On peut rechercher un effet de surface c’est à dire la répartition du PA sur toute la surface de la couche cornée, alors que le médicament a été appliqué sur une région cutanée limitée. A partir du site d’application, le PA à l’intérieur du ciment lipidique intercellulaire, se réparti sous l’effet d’un gradient de concentration (ex : « pour on » à base de pyréthrinoïde, collier antiparasitaire, boucle d’oreille antiparasitaire).

 

- On peut rechercher un effet systémique faisant suite à l’application du médicament sur une surface limitée.  Le PA présente des propriétés physiques lui permettant de traverser la peau et d’atteindre la circulation générale (ex : « pour on » organophosphoré à effet systémique, «spot on » à effet systémique, timbre cutané ou patch…).

 

Il est important de noter que de nombreux facteurs peuvent modifier l’importance (en augmentant ou en diminuant) du passage transcutané d’un PA. Nous nous contenterons de citer les plus importants.

Ü variation d’espèce : le passage transcutané d’un même PA est plus ou moins important en fonction de l’espèce animale

Ü variation de localisation : certaines régions cutanées, pour un même individu, sont plus perméables que d’autres.

Ü les massages, frictions favorisent l’absorption cutanée.

Ü les phanères forment des obstacles qui s’opposent au contact entre le PA et la couche cornée. Ils peuvent diminuer le passage transcutané.

Ü la microflore cutanée peut utiliser le PA comme substrat et le dégrader, diminuant sa biodisponibilité.

Ü les enzymes de biotransformation de la peau peuvent diminuer le biodisponibilité du PA (mais elles restent nettement moins importantes que les enzymes hépatiques).

Ü l’état pathologique de la peau  influence l’absorption cutanée: une plaie est une voie de passage, une inflammation aiguë peut favoriser le passage (en hydratant la couche cornée), une inflammation chronique avec hyperkératose diminue l’importance du passage transcutané.

Ü les conditions climatiques et environnementaux sont également importants : précipitation, vent, poussières… peuvent éliminer le PA de la surface de la peau et donc diminuer son passage.

Ü choix des excipient et de la formulation : il est possible de favoriser le passage transcutané soit en augmentant l’hydratation de la couche cornée (voir schéma) soit en utilisant des composés qui perturbent, augmentent le désordre de la couche cornée (ex : azone, voir schéma). Le choix judicieux d’excipient peut favoriser le passage transcutané d’un PA

 

 

 

Promotion du passage transcutané

 

 

Conclusion : devenir d’un xénobiotique appliqué sur la peau :

 

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


                                                                                 

 

 

 

 

 

 

                                                                      

 

 

 

 

 

 

 

 

8 – 2  - Les formes galéniques destinées à être appliquée sur la peau

 

Les formes galéniques vétérinaires destinées à être appliquées sur la peau sont nombreuses. La voie cutanée permet de nombreuses possibilités qui ont été énumérées plus haut (effet local, effet général de surface, effet systémique).  L’application sur la peau est une opération assez aisée. Quand on obtient un passage transcutanée, l’absorption se fait sans effraction, sans traumatisme au travers de la peau (contrairement aux injections) et on évite le premier passage hépatique.

 

On trouve certains termes techniques, retenus par l’usage, surtout pour qualifier les antiparasitaires externes, il est donc nécessaire de les définir avant d’aborder les différentes formes galéniques.

 

8 – 2 – 1 - Quelques définitions

 

«Pour on » et «spot on » : pour on est un qualificatif utilisé pour caractériser l’administration d’un médicament suivant, généralement, une ligne dorso-lombaire allant de la base du cou à la base de la queue. Parmi les pour on, on trouve des poudres et surtout des solutions. Spot on est un qualificatif qui caractérise l’administration d’un médicament sur une zone cutanée limitée, le plus souvent un point. Généralement les spot on sont des solutions.

Les termes que nous venons de définir sont souvent associés à d’autres qualificatifs : «effet de surface» ou «effet systémique». Un antiparasitaire qui a un effet de surface reste après application, dans la couche cornée de la peau, par contre un antiparasitaire qui a un effet systémique traverse la peau et se distribue dans l’ensemble de l’organisme.

 

On a ainsi des pour on à effet de surface, des pour on à effet systémique, des spot on à effet de surface et des spot on à effet systémique. La distribution du PA dépend de ses propriétés physiques (ex : les pyréthrinoïdes de synthèse, molécules lipophiles et non hydrophiles, ont un effet de surface, la vitesse de migration de la cyperméthrine dans la couche cornée est de 11 cm/h, les organophosphorés soufrés comme le fenthion, à la fois lipophiles et plus hydrophiles que les pyréthrinoïdes, peuvent s’ils sont formulés avec des excipients adaptés, traverser la peau).

 

L’effet de surface et l’effet systémique présentent des avantages et des inconvénients.

effet de surface 

protection incomplète

pas de résidus

risque d’intoxication limité

effet systémique 

protection homogène de l’ensemble du corps

problème de résidus

risque d’intoxication

 

 

Remarque  à propos de l’utilisation de ces termes par les industriels: On est parfois surpris en lissant les notices des médicaments. Ainsi  Pulvex® spot, antiparasitaire externe à base de pyréthrinoïdes, est d’après le nom et les indications données dans la partie composition, un spot on ; par contre si on suit la partie propriétés, on apprend « qu’il est destiné à être appliqué selon la technique du pour on ». On a ici l’illustration de l’utilisation peu rigoureuse des termes employés pour décrire un médicament. Ce problème n’est pas réservé à la société qui commercialise le médicament pris en exemple, mais se rencontre avec de nombreuses sociétés pharmaceutiques vétérinaires et humaines.

 

Topique : se dit d’une préparation destinée à un usage local, exclusivement externe (ex : topique gastrique).

 

8 – 2 – 2 - Les formes cutanées

 

De nombreuses formes galéniques sont utilisées par voie cutanée. Certaines sont très simples comme les poudres cutanées pour les formes solides ou les solutions, émulsions et suspensions cutanées pour les formes liquides. Ces différentes formes ont été définies dans les chapitres des formes destinées à la voie orale et parentérale.

 

On trouve des formes liquides plus spécifiques à la voie cutanée : lotion, liniment, lait dermique, shampooing.

 

Les lotions sont des préparations liquides destinées à être appliquées sur la peau sans friction, afin d’exercer une action locale. Elles sont obtenues par dissolutions ou par dispersion d’un ou plusieurs principes actifs dans un véhicule approprié, généralement aqueux ou hydroalcoolique (pharmacopée française Xème édition).

 

Les liniments sont des préparations liquides, destinées à être appliquées sur la peau non lésée, en onctions ou en friction, afin d’exercer une action locale. Ils sont obtenus par dissolution ou dispersion d’un ou plusieurs principes actifs dans un véhicule approprié, généralement lipophile (pharmacopée française, Xème édition).

 

Les laits dermiques sont des émulsions fluides (huile dans eau : O/W, c’est à dire une dispersion de gouttelettes d’huile dans l’eau).

 

Les shampooings (de l’anglais to shampoo : frictionner, du hindi champoo : masser) sont des préparations destinées au lavage et à l’entretien des poils. Elles se présentent sous de liquide le plus souvent mais aussi de gel, de crème ou de poudre.

 

Les pommades sont des formulations très utilisées pour les applications cutanées. Cette forme est définie par la pharmacopée.

 

Pommade (définition de la pharmacopée) :

Les pommades sont des préparations de consistance semi-solide destinées à être appliquées sur la peau ou sur certaines muqueuses afin d’exercer une action locale ou de réaliser la pénétration percutanée des principes médicamenteux. Elles sont également utilisées en vue de leur action émolliente ou protectrice. Les pommades présentent un aspect homogène.

Elles sont constituées par un excipient, simple ou composé, dans lequel sont dissous ou dispersés habituellement un ou plusieurs principes actifs. La composition de cet excipient peut avoir une influence sur les effets de la préparation et sur la libération du principe actif.

Les excipients des pommades peuvent être des substances d’origine naturelle ou synthétique et être constitués par un système à une seule ou plusieurs phases. Selon la nature de l’excipient, la préparation peut avoir des propriétés hydrophiles ou hydrophobes (lipophiles). La préparation peut contenir des additifs appropriés tels que des agents antimicrobiens, des anti-oxygènes, des agents stabilisants, des émulsifiants ou épaississants.

 

Plusieurs catégories de pommades peuvent être distinguées :

Ü les pommades proprement dites (hydrophobes ou hydrophiles)

cérat : pommade réalisée avec de la cire

onguent : pommade réalisée avec résine

Ü crèmes : ce sont des pommades multiphases composées d’une phase lipophile et d’une phase aqueuse. On trouve des crèmes hydrophobes et des crèmes hydrophiles.

Ü gels : ce sont des pommades constituées par des liquides gélifiés à l’aide d’agents gélifiants appropriés. On distingue les gels hydrophobes (oléogels) et les gels hydrophiles (hydrogels).

Ü pâtes dermiques : les pâtes contiennent de fortes proportions de poudres finement dispersées dans le ou les excipients.

 

Les propriétés physiques de la pommade (et donc des excipients) sont importantes et peuvent favoriser l’action du PA ou avoir des effets néfastes sur la peau. Par exemple des excipients comme la vaseline et la lanoléine conviennent pour traiter une peau desséchée, avec hyperkératose. La vaseline forme un film imperméable à la surface de la peau, empêchant ainsi la perte d’eau ce qui favorise l’hydratation de la couche cornée. La lanoléine pénètre dans la couche cornée et retient l’eau, elle renforce ainsi l’action de la vaseline. Par contre si cette pommade est appliquée sur de peau suintante, exsudante, les excipients vont entretenir l’humidité, vont favoriser la macération et donc l’état de la peau va empirer. Nous avons ici un exemple de l’importance du choix des excipients dans la bonne utilisation des médicaments.

 

Remarque : la pharmacopée envisage dans une monographie particulière les pommades ophtalmiques qui doivent être stériles et non irritantes.

 

8 – 3 - Conditionnement des poudres cutanées, des liquides cutanés et des pommades

 

8 – 3 – 1  tubes et pots

 

Généralement les pommades (au sens général de la pharmacopée) sont conditionnées dans des tubes en aluminium vernissé (recouvert de verni) ou en plastique, voire dans des pots dermatologiques ou cosmétiques en plastiques ou en verres.

 

Les tubes en aluminium vernissé sont très utilisés et présentent quelques avantages. Ils gardent les signes des pressions exercées dessus pour récupérer le contenu. On a ainsi une idée sur la quantité de médicament présent dans le tube et on évite l’entrée d’air qui pourrait diminuer la stabilité de la pommade. Parfois, pour améliorer l’aspect extérieur du tube, les industriels préfèrent utiliser l’aluminium laminé, matériau multicouche dans lequel l’aluminium est recouvert sur ces deux faces de plastique. Les tubes en plastiques sont en polyéthylène basse ou haute densité, en polypropylène, polyamide, polytéréphtalate d’éthylène, polychlorure de vinyle…Les tubes en plastiques, contrairement aux tubes en aluminium, reprennent la forme d’origine après pression. Un tube vide a la même apparence qu’un tube plein et après chaque utilisation, l’air pénètre dans le tube. Ces différents points peuvent être considérés comme des inconvénients. Les tubes en aluminium et en plastique présentent un avantage commun : avec ce type de conditionnement, on limite au maximum le contact entre la pommade qui reste dans le tube et les doigts de la personne qui soigne. Alors que ce contact est difficilement limité quand la pommade est conditionnée dans un pot. A chaque utilisation, la pommade sera souillée par les doigts. De plus, avec le conditionnement dans un pot, la surface d’échange avec l’air est importante. La stabilité et la conservation seront plus délicats.

 

Les poudres et les formes liquides (solution, émulsion ou suspension) peuvent être conditionnées dans des flacons généralement en plastiques (avec ou non un bec doseur) ou dans une bombe aérosol (spray, forme pressurisée).

 

8 – 3 – 2  les formes pressurisées

 

Les formes pressurisées sont des conditionnements attractifs à l’œil et fonctionnels. Par contre, ils ne permettent pas de bien contrôler la quantité de PA administré sur l’animal. Ce sont des préparations délivrées dans des récipients spéciaux sous la pression d’un gaz. Les récipients sont soit en métal, soit en verre (éventuellement recouvert d’un film plastique de protection), soit en matière plastique. Ils sont munis d’une valve qui assure l’obturation étanche du récipient en dehors de son utilisation et la distribution du contenu à chaque utilisation. Il existe des valves doseuses qui libèrent une quantité constante de produit. La libération du PA est assurée soit par un gaz propulseur comprimé, soit par un gaz propulseur liquéfié.

 

Flacon pressurisé avec gaz propulseur comprimé

Le gaz utilisé est soit de l’azote, du dioxyde de carbone ou du protoxyde d’azote.

 

Le gaz propulseur et le PA (avec les excipients) forment un système hétérogène constitué de 2 phases. Une phase gazeuse sous haute pression et une phase contenant le PA (souvent en solution, mais cela peut être une émulsion, une suspension ou une poudre). Lorsqu’on appuie sur le bouton de la valve, la pression du gaz propulseur fait sortir le PA. Le PA est éjecté sans modification chimique, mais est divisé plus ou moins finement (la taille des particules obtenues dépend de la valve). Ce système présente quelques inconvénients : au fur et à mesure de son utilisation, la pression diminue (la phase contenant le PA est éjectée, donc le volume disponible pour le gaz augmente). Il faut pour obtenir un système efficace, une pression initiale importante (jusqu’à 6 atmosphères) et un flacon rempli à 50% seulement (d’où l’utilisation de flacon opaque pour masquer le remplissage à moitié).

 

Suivant le même principe, on peut remplacer le gaz propulseur par des pompes mécaniques ou conditionner le PA dans une poche d’aluminium pour le séparer du gaz propulseur et obtenir une libération totale.

 

 

Schéma flacon pressurisé

 

 

Schéma flacon avec poche en aluminium et photo d’une poche aluminium isolée

 

Flacons pressurisés avec gaz propulseurs liquéfiés

 

C’est un système proche de celui que nous venons de décrire, mais ici le gaz propulseur se trouve dans un équilibre

 

 
 

 

 


Donc on retrouve les deux phases du système précédent, avec la phase supérieure gazeuse et la phase inférieur constituée du PA, des excipients et du gaz liquéfié. Quand on appuie sur la valve, le gaz éjecte le PA + gaz liquéfié. Au contact de l’atmosphère, le propulseur liquéfié s’évapore ce qui provoque la dispersion de la préparation en particules dont la taille dépend du rapport PA/propulseur.

Après libération du PA, quand on relâche la valve, une partie du propulseur liquéfié se transforme en propulseur gazeux à l’intérieur du flacon. Ainsi, la pression dans le flacon reste constante (contrairement au système précédent). Par contre, ce système est très sensible aux variations de température : une augmentation de la température entraîne une augmentation de la pression (risque d’explosion), une diminution de la température entraîne une diminution de la pression (risque d’inefficacité). En utilisant ce système, il est possible de remplir le flacon à 85% de son volume.

 

Les propulseurs utilisés : avant on utilisait les chlorofluorocarbones (CFC) connus sous les noms commerciaux Fréon®, Forane®, Flugère® (ex : fréon® 11 : trichloromonofluorométhane) et qui présentent de nombreux avantages (bon solvant, ininflammable) mais également des inconvénients (en partie responsable de la dégradation de la couche d’ozone, entraîne un retard à la cicatrisation). Actuellement, on utilise des hydrocarbures liquéfiés (propane, butane, isopropane) mais ces gaz sont très inflammables.

 

On conditionne ainsi de poudres (en suspension dans le propulseur), des liquides ou des mousses.

 

Les mousses sont des produits constitués par la dispersion d’un volume important de gaz dans une préparation liquide contenant généralement un ou plusieurs PA, un agent de surface assurant leur formation et divers autres excipients (pharmacopée Xème édition).

 

8 – 3 – 3  les matrices de polymère

 

D’autres formes sont disponibles en pharmacie vétérinaire, elles concernent les antiparasitaires externes. Parmi ces formes, on trouve une spécialité sous la forme d’un feutre, des colliers antiparasitaires et une spécialité présentée sous la forme d’une boucle auriculaire.

 

Le feutre (Cypertic®) est une présentation particulière permettant d’appliquer l’antiparasitaire sur une zone précise (au niveau de la tique dans le cas présent).

 

Il est possible de formuler les antiparasitaires externe dans des matrices en PVC (polyvinyl, les initiales proviennent de l’anglicisme polyvinyl chloride) et de fabriquer des colliers ou des boucles d’oreilles. Ce sont des formes à libération progressive et prolongée du PA. Le PA est en suspension dans la matrice de PVC, il peut se déplacer, subir des migrations en fonction de facteurs physiques (gradient de concentration, pression de vapeur saturante). Les PA volatils sont libérés par la matrice, forment un nuage autour de l’animal, se répartissent sur l’ensemble du corps de l’animal et le protègent. Les PA non volatils mais lipophiles passent de la matrice du collier à la couche cornée de la peau de l’animal (s’il y a un contact intime entre ces deux éléments). Ils se solubilisent dans le ciment intercellulaire de la couche cornée et sous l’influence du gradient de concentration, se répartissent sur le corps. Bien sûr, les régions cutanées situées à proximité du collier sont mieux protégées. Le principe des boucles auriculaires est semblable à celui des colliers (un PA peu volatil en suspension dans la matrice). Mais, contrairement au collier, qui protège l’animal qui le porte, la boucle ne protège pas l’animal seul, mais le troupeau. En effet, ce sont les contacts répétés entre les animaux qui portent cette boucle qui permet le passage du PA sur la peau.

 

 

 

Boucles auriculaires

 

 

8 – 3 – 4  - les timbres cutanés

 

Il existe une présentation particulière en pharmacie humaine qui est intéressante et qui peut être utile au vétérinaire. Pour cette raison, nous allons envisager rapidement cette forme : les timbres cutanés ou patch. Cette forme particulière est utilisée en médecine humaine pour permettre la libération prolongée de nicotine et également d’anesthésiques locaux. Dans le premier cas, l’objectif est la pénétration transcutanée de la nicotine (par voie orale cela n’est pas possible car il y a un effet de premier passage hépatique intense, donc une biodisponibilité limitée), alors que dans le cas des anesthésiques, on recherche une anesthésie locale. Malgré quelques petites variations, l’organisation générale des timbres est constante et est représentée ci-dessous.

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Coupe transversale et vue supérieur d’un timbre cutané

 

photo du timbre cutanée

 

 

9 - Les médicaments homéopathiques

 

9 – 1  définitions

 

Toutes les formes que nous avons présentées en fonction de la voie d’administration sont des médicaments allopathiques.

 

Allopathie (allos : autre , pathos : maladie) : un médicament allopathique agit directement sur les causes des maladies (ex : infection bactérienne à utilisation d’un antibiotique) ou sur un symptôme ou syndrome (inflammation à utilisation d’un anti-inflammatoire) ou encore a une action substitutive (diabète à utilisation d’insuline). En allopathie, on utilise des doses pondérales de PA et parfois ces doses sont responsables d’effets néfastes. C’est le principal reproche fait à l’allopathie.

 

On trouve également, dans la pharmacie vétérinaire, des médicaments homéopathiques (environ 130 spécialités d’après le DMV, cédérom 1997).

 

Homéopathie (homoios : semblable, pathos : maladie) : thérapeutique développé, en particulier par Hahnemann, à partir de 3 principes :

            Utilisation de doses infinitésimales

            Observation du malade dans son unité psychosomatique

            Loi des similitudes

 

La loi des similitudes (similia similibus curantur) se résume dans l’hypothèse que les symptômes d’une maladie peuvent être traités, à dose infinitésimale, par une drogue végétale, animale, minérale ou synthétique, capable de produire à dose forte les mêmes symptômes sur l’homme sain.

 

Pour préparer les doses infinitésimales, il est nécessaire de diluer (déconcentrer) une matière première concentrée. Cette matière première est la souche du médicament homéopathique. Le plus souvent la souche est une teinture mère.

 

 

Teinture mère : préparation liquide obtenue à partir d’une matière première végétale ou animale à l’aide d’éthanol. Généralement en homéopathie, on la prépare à partir d’une matière première réduite en poudre et séchée en prenant 1 partie (en masse) de matière première et 10 parties de solvant. Le procédé extractif est soit la macération, soit la percolation (encore appelé lixiviation). Elle peut être désignée par l’abréviation TM.

 

9 – 2  - Déconcentration

 

On peut réaliser des dilutions (pour les liquides) ou des triturations (pour les solides) centésimales ou décimales. Après chaque dilution, il est indispensable de dynamiser le système avant de faire la dilution suivante, on mélange au moins 100 fois le système…

 

Dilutions centésimales

 

Dilutions décimales

 

 

 

 

 

1 volume de souche

9 volumes de véhicule

dynamiser

 

 

1 DH (ou 1D ou 1X)

1 volume de souche

99 volumes de véhicule

dynamiser

 

 

1 CH (ou C)

1 volume de 1DH

9 volumes de véhicule

dynamiser

 

 

2DH

 

 

 

 

1 volume 2DH

9 volumes de véhicule

dynamiser

 

 

3 DH

1 volume 1CH

99 volumes de véhicule

dynamiser

 

 

2 CH

1 volume 3DH

9 volumes de véhicule

dynamiser

 

 

4 DH

Etc. …

 

Ainsi 1 CH correspond à 2 DH, 2 CH à 4 DH, mais le nombre de dynamisation n’est pas le même. 4 CH correspond à une dilution 1/108 .

 

9 – 2  – 1  Dilutions

 

Le véhicule utilisé est l’alcool 70%. Dans certains cas, pour la première dilution ou la dernière dilution, d’autres véhicules peuvent être utilisés :

* l’eau : pour les substances pratiquement insolubles dans l’alcool.

* des volumes égaux d’eau et d’alcool à 60%, pour les substances peu soluble dans l’alcool. dans ce cas, l’eau est d’abord utilisé puis, après dissolution, l’alcool est ajouté.

* l’alcool : pour les substances pratiquement insolubles dans l’eau mais solubles dans l’alcool.

 

9 – 2 – 2  Triturations

 

Le véhicule utilisé est le lactose. On effectue la préparations des triturations de la façon suivante :

Dans un mortier, on pulvérise la souche solide. On ajoute alors une petite quantité de lactose et on triture longuement et soigneusement. On ajoute peu à peu le lactose, jusqu’à utilisation de 99 parties de lactose (dans le cas des déconcentrations centésimales). On obtient la première centésimale. Opérez de la même manière jusqu’à l’obtention de la trituration de hauteur voulue.

 

Remarque : il est possible de passer en milieu liquide au-delà de 3 CH.

 

9 – 3  – l’imprégnation

 

Il est possible de faire, à la suite des déconcentrations, des imprégnations. L’imprégnation est une technique qui consiste à fixer une dilution homéopathique sur un support : granules, globules, comprimés, poudre de lactose.

 

9 – 3 – 1    les supports

 

Les granules se présentent sous forme de petites sphères d’une masse de 50 mg environ, constituées d’un mélange de lactose et de saccharose.

 

Les globules se présentent sous forme de petites sphères d’une masse de 3 mg à 5 mg, constituées d’un mélange de lactose et de saccharose.

 

Les comprimés, d’une masse de 0,1 g environ, sont préparés par compression de lactose ou de saccharose ou d’un mélange de lactose et de saccharose.

 

9 – 3 – 2  l’imprégnation

 

Les supports sont imprégnés avec une dilution homéopathique dans la proportion de

 

* 1 % V/m pour les granules, les globules et les poudres

* 2 % V/m pour les comprimés

 

Toutes ces formes prennent la dénomination de la dilution avec laquelle elles ont été imprégnées.

 

Exemple d’étiquette de médicament vétérinaire homéopathique : Vétophyl® dermatoses sèches :

 

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Les médicaments homéopathiques sont administrés par les mêmes voies que les médicaments allopathiques. On trouve ainsi parmi les médicaments homéopathiques vétérinaires :

 

* des solutions buvables

* des solutions injectables

* des suspensions buvables

* des poudres orales

* des comprimés

* des pommades

 

Les différentes spécialités homéopathiques sont utilisées pour soigner des animaux de compagnie mais aussi des animaux de rente.